Exposition Mondes nomades & œuvre « The resonance between our essences » (Parcours « Trames »)
Du 27 septembre 2024 au 30 novembre 2024
Le centre d’art contemporain du NIFC accueille Xiaojun SONG et CAI Yaling
Représentée aujourd’hui par la galerie Françoise Besson, Xiaojun Song a vécu en Chine jusqu’à ses 24 ans avant de venir en France pour y continuer ses études. Sa pratique artistique reflète naturellement sa vision de l’existence et sa place dans le monde, au carrefour de deux cultures différentes.
Plein et vide, visible et invisible sont au cœur de son travail qui s’attache à une recherche constante sur leurs relations et leurs compositions, notamment à travers ses séries Méditations. Car pour elle, tout n’est que répétition d’un même cycle qui ne se contrôle pas. La méditation est la répétition, et sa peinture est la répétition d’un même geste, comme une catharsis traduisant le déroulement de ses expériences personnelles, en tant qu’étrangère venue s’installer loin de ses racines.
Xiaojun Song, aux présences invisibles
» La pratique de Xiaojun Song semble recéler un paradoxe dans la relation inattendue qu’elle propose entre ses dessins, ses peintures et ses installations. Dans le dialogue entre ces figures sur papier et une paroi murale vierge et oscillante, que voyons-nous réellement ?
En observant tout d’abord ces figures ligneuses qui traversent des feuilles, on pense à de lourdes chevelures nouées, à des sillons dans la terre, des courbes de niveaux, et même des organes. Ce vocabulaire qui évoque des contours humains ou de paysages devient parfois plus corporel, se mêlant avec des formes embuées et organiques qui composent comme des fragments de chair (Méditation Rouge #11, Méditation Triptyque #1). Le corps est en tout cas toujours présent : jamais représenté en tant que tel, mais plutôt comme un régime de courbes, de flux et de reflux, de lignes, où le papier même semble évoquer la surface d’une peau.
Ces peintures suggèrent en tout cas que leurs figures excèderaient les limites du dessin, comme interrompues par les bords de la feuille. Il faudrait changer de focale, modifier l’échelle du regard pour les appréhender : soit s’éloigner, imaginant que la peinture opère un cadrage sur une forme plus grande, soit au contraire se rapprocher, comme si leur examen de très près pouvait révéler leur matérialité.
Dans les deux cas, si le dessin suggère une entité, qu’elle soit corps ou paysage, l’œuvre suggère une part qu’elle ne montre pas.
La matérialité de ces dessins ou peintures est aussi ambigüe : leurs outils sont certes ceux de la peinture traditionnelle chinoise, mais leur dimension ligneuse et répétitive pourrait les apparenter à une approche scripturale, évoquant par exemple un Roman Opalka, dans une approche plus sensuelle. Dans tous les cas, ces formes témoignent d’un geste ou d’un protocole spécifiques.
Lors d’un entretien que nous avons eu, Xiaojun Song parle du dessin comme « expérience en soi ». Elle dit : « une des questions principales qui se pose à moi est le moment où j’arrête le dessin, où je le quitte, et où il me quitte aussi ». En cela, ses peintures constituent une expérience performative : comme le moment d’un contact privilégié de l’artiste avec quelque chose d’autre, qui n’est pas là et qu’elle convoque.
Or la dimension performative du dessin est fondamentalement agie par la respiration : tout trait est une unité de souffle. Ici, sa répétition conduit à une forme d’incarnation. Xiaojun Song dit encore que « le trait (…) vient de nulle part pour aller nulle part. Il est à la fois sa cause et son propre effet. (…) Le premier trait engendre le second, puis le troisième et enfin la totalité de la composition ».
Lao-Tseu, auquel l’artiste fait parfois référence, dirait « dix mille êtres », ce qui veut dire « toutes les choses de ce monde » : la vie est née et s’est déployée. Elle dirait encore : « La raison d’être du trait n’est pas ailleurs que dans l’engendrement successif et répété des autres, lorsque le principe pictural du geste s’efface pour devenir pleinement méditatif ». Ici, on me permettra de suggérer que ce qui est appelé méditation excède sa définition usuelle pour impliquer la relation à un au-delà : une manière d’être dans le présent qui appelle une absence. «
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Thierry Fournier
Meaucé, 2022
Issue de la génération de la politique de l’enfant unique débutée dans les années 80, Xiaojun Song a vécu en Chine jusqu’à l’âge de 24 ans. Elle a suivi un cursus à l’École des Beaux-Arts du Hubei avant d’arriver en France pour continuer ses études à l’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy. Elle vit et travaille aujourd’hui près de Lyon et est représentée par la galerie Françoise Besson à Lyon.
« The resonance between our essences », CAI Yaling
CAI Yaling présentera au Nouvel Institut Franco-Chinois, à l’issue d’une résidence effectuée à la Cité des arts au printemps 2024 et proposée par Yishu8 – Maison des Arts de Pékin, une installation : The resonance between our essences.
Cette œuvre est un hommage à Pan Yuliang, première artiste femme reconnue en Chine au début du XXème siècle. Comme elle, un siècle plus tôt, Pan Yuliang s’est rendue en résidence en France. Elle a étudié à l’Institut franco-chinois de Lyon puis à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.
Sur ce rideau de perles apparait le portrait de Pan Yuliang et une peinture de l’artiste. L’utilisation du cristal témoigne de la condition à la fois fragile et précieuse de l’artiste-femme. Le visiteur est invité à traverser l’œuvre. Elle est un lieu de passage entre le musée du Nouvel Institut franco-chinois et la salle dédiée à la scène artistique contemporaine chinoise. The resonance between our essences, marque une transition entre l’histoire de ces étudiants chinois qui ont fait le chemin vers la France dans les années 1920, et les jeunes artistes chinois qui, aujourd’hui, continue de venir en résidence à Lyon.
CAI= Yaling rend aux hommages à des générations de femmes, qu’il s’agisse de sa mère, d’anonymes ou de personnalités chinoises qui ont marqué l’Histoire de la Chine. Elle rassemble des matériaux, notamment des cheveux, ceux de sa mère et les siens, pour tisser de nouveaux récits. Des perles de cristal, du verre soufflé, du papier de riz, des photographies anciennes, lui servent également de supports pour rendre compte de la dimension universelle et délicate de la féminité.
Yishu8 – Maison des Arts de Pékin
Née en 1984 à Jin Zhong, CAI Yaling vit et travaille actuellement à Pékin. Elle a obtenu un Master du département Sculpture de la Central Academy of Fine Arts de Pékin et est lauréate du prix Yishu8 Chine en 2019.
NOUVEL INSTITUT FRANCO-CHINOIS
2 RUE SŒUR BOUVIER — 69005 LYON
CONTACT@NIFC.FR
DU LUNDI AU VENDREDI DE 12H À 18H
ET UN SAMEDI SUR DEUX DE 13H À 18H • ENTRÉE LIBRE
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