Exposition enf(r)ance (Parcours « Trames »)
Du 23 septembre 2022 au 17 décembre 2022
Le centre d’art contemporain du NIFC accueille Mengzhi Zheng
NOTE D’INTENTION DE L’EXPOSITION « enf(r)ance » – MENGZHI ZHENG
Exposer au Nouvel Institut Franco-Chinois à Lyon revêt à mes yeux une grande importance. Étant immigré et enfant d’immigré, je fais le choix d’être artiste. C’est un honneur de proposer une exposition qui évoque mon amour pour ma Chine et plus particulièrement pour la France, pays dans lequel j’estime m’être enraciné. C’est l’occasion d’évoquer un peu plus mon histoire personnelle à travers mon parcours artistique.
Mes questionnements plastiques d’aujourd’hui relèvent d’un voyage retour en Chine en 2008 lorsque j’étais étudiant à l’Ecole Nationale Supérieur d’Art de Nice à la Villa Arson. J’ai été frappé par l’utilisation qu’on pouvait faire des espaces dans nos villes contemporaines, de nos constructions-consommations, des immeubles, des architectures d’aujourd’hui, construites dans l’urgence, qui se révèlent déjà du passé à peine sorties de terre.
L’habitat ou l’idée d’habiter vient vite au premier plan dans mes expérimentations d’espaces non-fonctionnels. Je ne suis pas architecte et je ne tends pas à l’être, mais l’idée d’insuffler un esprit que pourraient incarner mes sculptures me plaît lorsque je fais et réalise. C’est notamment le travail sur la première famille de sculptures, la série des Maquettes Abandonnées que j’ai entamé en 2014. Faites de bric et de broc, les éléments à portée de bras se montent sous mes yeux pour établir de frêles esquifs. Lorsque je commence je finis. J’habite le temps d’un instant ces espaces mentaux dans lesquels je me sens bien. La projection du moment.
Est-ce que parce que je ne me suis jamais senti chez moi nulle part depuis que je suis en France, que je tente des évasions et me réfugie dans les espaces que je me construis ? J’aime divaguer dans des espaces d’apparence précaire tout en me procurant un sentiment – illusoire – de bien-être et de silence : les habiter pleinement et m’y sentir accueilli par l’importance du vide qui dynamise et harmonise ma compréhension de l’espace.
L’échelle a autant d’importance qu’elle n’en a pas dans mon approche spatiale des lieux. Avec le temps, l’idée de rentrer en dialogue avec le lieu à habiter – les espaces d’exposition dedans comme dehors – me semble évidente dans mon processus créatif. Ici, au NIFC, le dessin architectural de l’espace d’exposition m’a tout de suite parlé. Ces belles poutres bien enracinées au sol sur lesquelles j’ai voulu tout de suite m’accrocher pour invoquer des jeux de volumes qui dessinent l’envol portant. Un envol vers un horizon.
Le choix de la non-couleur appelle au potentiel de couleurs que l’on retrouve
au mur.
Au mur, de la couleur, l’évasion, des ouvertures, l’horizon et l’enfance. Ces dessins-collages – enf(r)ance, 2021 – sont faits de balbutiements de gestes automatiques à l’image d’une écriture. En retrait, ma Chine, avec deux eaux-fortes dont une représente mon école primaire de mon village à Ruian.
Je crée et donne sens avec mon histoire personnelle et mes intuitions spatiales de l’instant, toujours dans une retenue. Mais au NIFC, je m’autorise quelques confidences. Je me fabrique des expositions en relation avec mon présent – le lieu d’accueil et son histoire par exemple. Je parle avec la société et compose ma relation au monde avec mon regard d’artiste plasticien.
Lyon m’a superbement bien accueilli, j’aime cette ville. Elle m’a beaucoup apporté. Alors, c’est doublement symbolique que mon exposition intitulée enf(r)ance prenne sens au NIFC. Par la même occasion, je rends hommage aux étudiants qui ont eu la chance d’investir ce lieu dans un passé pas très lointain finalement. Je ne peux que mieux m’ancrer dans cette ville et dans cette France où je fais le choix de vivre pleinement.
Lyon, 15.09.2022, MZ
Mengzhi Zheng (1983, FR né en CN) a obtenu son DNSEP de la prestigieuse Ecole Nationale Supérieure d’Arts de la Villa Arson à Nice. Il a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives, dont celles organisées par les biennales de Lyon, 2015 – Hors-Les-Murs du Palais de Tokyo – et par Orléans pour la Biennale d’Architecture #1 au Frac Centre-Val de Loire, 2018. En 2019, Zheng inaugure Inarchitectures, une installation pérenne pour la rénovation du parking des Halles à Lyon (Lyon Parc Auto, LPA). Cette même année, il participe à l’exposition internationale de la Biennale de Lyon, organisée par le Palais de Tokyo à l’Usine Fagor de Lyon.
NOUVEL INSTITUT FRANCO-CHINOIS
2 RUE SOEUR BOUVIER — 69005 LYON
DU LUNDI AU VENDREDI DE 12H À 18H • ENTRÉE LIBRE